Saturday, October 28, 2006

"Sans titre" fusain comprimé 60 X 60 cm

"Sans titre" fusain comprimé 60 X 60 cm

"Naître" bois - 2 x (49 x 64 cm)

"Naître" bois - 49 x 64 cm

"N'être" techniques mixtes 20 x 20 cm

"N'être" techniques mixtes 20 x 20 cm

Friday, October 27, 2006

"Tulipes" aquatinte 3 x (8 x 19 cm)

"Bouleaux" pointe-sèche 7 x 12 cm

"Paysage" eau-forte 15 x 15 cm

"Paysage" eau-forte 15 x 15 cm

"Simenon" fusain comprimé 113 x 187 cm

"Nu" fusain comprimé 60 x 84 cm

"Thierry" fusain comprimé 50 x 74 cm

"Denise" fusain - pastel - 67 x 78 cm

"Nu" Stick à l'huile - 85 x 120 cm



“Rites-rythmes floraux”

Matinée, enfin ensoleillée, d’un mars frileux.

Dans la cour, une plaque s’imprègne des lentes morsures répétées de l’eau-forte.

Un long atelier aux murs clairs y prend le jour. Sur un vieux meuble à tiroirs, des livres empilés et un bouquet de tulipes sèchées, aux pétales diaphanes. Le chevalet est apprêté d’une grande feuille de papier kraft blanc, lisse, qui attend le tracé dansant d’un fusain compact, avec en filigrane, sous la pression légère de la main, le substrat du kraft brun, texturé.

Plaisir du geste fluide, ample, à bonne hauteur. Suzanne dessine les méandres de ces fleurs du printemps dernier qui, par la délicatesse et la fougue mêlées de traits tout en souplesse- féline, le chat aux longs poils n’est pas bien loin -, redeviennent vivaces, tenaces, odorantes. Tiges chantournées, memoire secrète de corolles ployantes : l’élégance dans la simplicité.


Sur un support, une première série de quatre grands formats, presque carrés, sont comme autant d’instantanés d’une renaissance en cheminement. D’autres suivront, car Suzanne prefère le sentier musardant à l’objectif immédiat, l’exploration, strate après strate, de la beauté intemporelle d’une “ nature morte ” plutôt “ still
alive “.

Voilà un travail qui procède d’abord par discrets affleurements, par efflorescences ensuite. Sans notes colorées, mais la force réservée du blanc et du noir.

Victoire, fragile, du vivant sur l’obscur : un vase vide, attend la promesse tardive du jardin.


Anne-FrancoiseLEMAIRE
(Bulletin d’information de la Societé Libre d’Emulation de mai-juin 2006)

A propos de l’exposition de Wégimont

autoportrait bébé - fusain comprimé, sanguine - collages 250 x 150 cm

“Avec un humour des plus authentiques, puisqu’elle y fait intervenir une série de graves autoportraits se répartissant la question " Dis-moi, qui suis-je ? “, Suzanne Pavc fait alterner ses fusains avec un ensemble évolutif de grand format dans lequel nous voyons un bébé prendre une physionomie en rapport avec les traits d’un savant traité de psychiatrie épinglés au bas de chacun des panneaux.
L’efficacité du procédé repose sur sa percutante discrétion, soulignée encore par l’accrochage, qui intercale subtilement les phases de l’auportrait entre celle de l’évolution satisfaite du bébé entre névrose et psychose.
Le contraste s’impose avec d’autant plus de vigueur que, si les autoportraits sont exécutés au fusain sur du papier recyclé et collé, les tableaux de l’enfant offrent un décor en couleur.”

Albert MOXHET



…”Quant à celle de Suzanne Pavc, elle nous confronte à la vie et ses tourments à travers portraits et autoportraits.
Le fusain comprimé sur papier recyclé s’installe et creuse l’expression pour dévoiler la forme contenue d’une vérité poignante. Suzanne Pavc jette à la figure sa sensibilité à fleur de peau. Son oeuvre nous entraîne dans la réalité sensible de la vie au fil de questions récurrentes dont une principale : “ Qui suis-je?”
D’autres oeuvres, mariant le fusain, le collage et la dynamique de la couleur, tissent des tableaux sensibles de l’équilibre psychologique de la petite enfance.
L’aventure humaine est le pivot de l’oeuvre de Suzanne Pavc. Une aventure livrée avec une émotion contenue et violente à la fois!
Voici en la galerie wégimontoise un vrai défi du langage expressif de l’art révélé avec brio!”

Dominique COUNE et Véronique WINTGENS

Portraits et autoportraits (Wégimont - 2004)

Quand Rembrandt laisse la fureur du monde pour s'adonner aux mystères de l'introspection, il ajoute à l'histoire de l'art quelques étoiles de plus, parmi les plus lumineuses. Ses autoportraits, en près de septante versions, peintes, dessinées ou gravées, découvrent la nudité de son âme et donnent à voir un homme en quête de lui-même, à différents moments de son existence...

Mais que nous dit aujourd'hui Suzanne Pavc et de quel mystère veut-elle nous entretenir au juste ? Pourquoi ces regards étranges et ces sourires tamisés ? En quels doutes, par le fusain et le papier recyclé, déchiré puis recomposé, veut-elle plonger nos certitudes ? Quels sont, enfin, les travers qu'elle voudrait bien découvrir au sein même de notre espèce humaine, vivante, mouvante entre émotions heureuses et chutes tragi-comiques ?

Sans complaisance, ni flatterie particulière, l'artiste nous parle de vérité, tombe le masque et se représente telle qu'en elle-même. La photographie lui a servi d'intermédiaire comme, en leur temps, les artistes anciens se servirent de leur propre miroir pour débusquer les sentiments secrets blottis au plus profond de leur âme. Soulevant un voile étrange, transperçant la matière, Suzanne Pavc se donne à voir et nous regarde en même temps, interrogatrice.
« Dis-moi qui suis-je ? », demande-t-elle à nous qui cherchons également quel chemin poursuivre.

Trouverons-nous un jour la route ensemble ? ...


Jean-Christophe YU
Association Culturelle Paul Renotte
29, chaussée des près 4020 Liège
Tél. 04/341.31.82 – acpr.asbl@skynet.be

Exposition à l’“Aquilone" (sept. 2002)

nus - fusain comprimé - collages 135 x 135 cm

Il est bien rare de voir le dessin considéré comme une discipline à part entière, capable d’allier à la force expressive et à la sensibilité, une rigueur technique suffisamment riche et maîtrisée pour se suffire à elle-meme. Le goût de l’époque sans doute se porte plus volontiers sur l’image cinématographique où, dit-on, le siècle croit se reconnaître. Les tableaux dejà n’y attisent plus l’étude exaltée d’une image où pensée et sensibilité se réconcilient. Les dessins ne trouvent la faveur du public que dans la mesure où ils peuvent y étudier les métamorphoses d’une idée qui se cherche, la franchise de l’ébauche et rencontrer soudain une forme d’intimité avec l’artiste. Mais l’appréciation des beaux gris, l’exigence de la forme et du trait, l’exigence d’une discipline qui ne consent aucun compromis et n’entend tout exprimer que par les noirs semble répugner au goût du moment. Que dire de l’art de la gravure qui ne livre ses trésors que dans l’étude attentive et patiente, et connaît pour cela même une injuste disgrâce ?

Pourtant, le travail de Suzanne Pavc relève de cette exigence. Que ce soit dans ses croquis où s’affirme le trait assuré, souple, contournant la silhouette du modèle, ou dans ses grandes compositions travaillées, fouillées, ou encore dans ses lithographies, elle parvient à un résultat de haute tenue où la finesse des gris, la profondeur des noirs côtoient la force énergique du trait et la plénitude de la forme.

Ses grands dessins se distinguent d’emblée par la monumentalité de leurs figures et l’élégance de leur composition. Les corps modelés dans de riches tonalités de gris, qui vont du léger effleurement du fusain jusqu’aux noirs les plus denses s’intègrent aux différentes qualités de papiers, superposés, froissés, déchirés. Les variations de l’éclairage donnent aux figures l’imposant relief et le mystère d’une fresque altérée par le temps.

Nous sommes dans le paradoxe d’une intimité qui se dérobe, par-delà la recherche esthétique et la séduction des formes, par-delà les nombreuses variations sur le corps de la femme, le relief, les rondeurs, les replis d’ombre, le soin délicat et caressant à rendre ce frémissement de la chair que les Italiens appelaient “morbidezza”. Les figures n’entretiennent entre elles aucune relation ; elles se rapprochent et s’ignorent, gestes et regards s’évitent, présence et absence, abandon et défiance, beauté et inquiétude se mèlent.

Bernard TALMAZAN
Historien de l’art, peintre, graveur.